Participer aux 24 Heures de Spa n’est une expérience ordinaire tant par le challenge sportif et son exigence que par l’ambiance qui accompagne cet événement. Cette année, en plus de fêter le retour du public après deux années de pandémie, notamment lors de la fameuse Parade dans le centre-ville de Spa, la performance sportive prenait aussi un second souffle.
En effet, un temps d’adaptation fut nécessaire pour les pilotes, notamment pour dompter les nouvelles limites de la piste, ponctuées par endroits de bac à gravier flambant neufs.
Effectivement, le circuit a connu quelques aménagements durant l’hiver afin d’obtenir la double homologation, auto et moto, impliquant le retour de bacs à gravier, spécifiques aux courses moto dans quelques endroits stratégiques. Autant dire que pour les autos, tout écart est désormais rapidement sanctionné.
Dans le clan Akkodis ASP Team, les deux voitures habituellement engagées en Endurance Cup avaient fait le déplacement, en quête de cet indescriptible Graal pour tout pilote de GT que représente une victoire à Spa. Sur la #88, Raffaele Marciello (poleman des deux dernières éditions), Dani Juncadella et Jules Gounon figurent dans le cercle des candidats à la victoire absolue. Dans la catégorie Silver Cup, Casper Stevenson, Thomas Drouet et Tommaso Mosca comptent bien tirer leur épingle du jeu sur la #87.
Les essais libres permettent d’établir ce premier contact avec la piste et pour confirmer cette difficulté à s’adapter à de nouvelles trajectoires, la séance est interrompue à quatre reprises par un drapeau rouge. La Mercedes-AMG #88 termine P7 du général (P3 Pro) alors que la #87 réalise le deuxième chrono Silver (P18 overall).
Avec 66 voitures en piste, les Qualifications sont tout aussi tumultueuses pour trouver un tour clair, rythmées par l’annulation de chronos en série pour non respect des limites de la piste et marquées par deux drapeaux rouges. La moyenne des chronos des trois pilotes permet à l’équipage de la #88 de se classer 9ème du général et ainsi d’accéder à la Super Pole, réservée aux 20 meilleures moyennes. Dans la Silver Cup, le trio de la #87 signe le 4ème temps de la catégorie mais le 24ème du général, signifiant qu’elle n’a pas accès à la Super Pole. Elle s’élancera de la 12ème ligne sur la grille.
A l’heure de la Super Pole, chacun retient son souffle. Raffaele Marciello est au volant de la #88 et comme attendu, réalise une prestation de haut vol. Malgré l’annulation de son chrono sur son premier tour lancé pour avoir dépassé les limites de la piste, la deuxième tentative est la bonne avec un temps complètement fou sur le secteur médian, propulsant le Suisse en tête en 2m16.375s. Les cinq voitures suivantes ne sont pas en capacité de renverser la vapeur jusqu’à la Lamborghini #6 d’Andrea Caldarelli qui en tournant en 2m16.221s établit un nouveau record de qualification GT3.
Mais le lendemain, la Lamborghini #6 voyait ses temps sur la Super Pole supprimés pour une infraction technique, Raffaele Marciello (#88) devenait pour la troisième fois consécutive le poleman des 24 Heures de Spa.
Samedi, à 16h45, sous une météo au beau fixe et devant des milliers de fans, la 74ème édition des 24 Heures de Spa s'élance. La Porsche #54 dépasse assez vite le poleman, Raffaele Marciello au volant pour le premier relai. Comme pour conjurer le mauvais sort, le pilote Suisse n’offre pas une grande résistance mais ne lâche pas pour autant le leader en restant dans son sillage. C’est parti pour des doubles relais sur la #88 et pour 24 Heures sur le toboggan ardennais…
Sur la #87, Tommaso Mosca prend un brillant départ et fait un bond au classement en passant de la 23ème à la 15ème position (P3 Silver). Après une heure en piste, Tommaso passe le volant à Casper Stevenson mais 30 minutes plus tard, la voiture revient aux stands pour un problème technique (transmission). Lorsque la #87 reprend la piste, six tours se sont écoulés. Les choses se compliquent pour revenir dans le match.
Au fil des tours, des stratégies différentes se dessinent, évoluant heure après heure, rythmées par les Full Course Yellow et les périodes sous Safety-Car. La #88 progresse aux avant-postes entre la tête et le Top 5, son équipage s’appliquant à imprimer un rythme soutenu et régulier (laissant parfois même penser à un sprint).
La course est émaillée d’incidents plus ou moins graves envoyant au tapis quelques uns des favoris. Durant la nuit, une sortie de piste assez violente (mais sans gravité pour le pilote) nécessite de réparer le rail de sécurité. Le drapeau rouge est présenté et la course interrompue pendant un peu plus de 40 minutes. La #88 s’affirme comme une sérieuse candidate à la victoire et adapte son tableau de marche aux événements pour ne pas se faire distancer. Tour à tour, Lello Marciello, Dani Juncadella et Jules Gounon enchainent des doubles relais en tenant la dragée haute à la concurrence. Raffaele Marciello réussit à creuser l’écart mais cet avantage se réduit à néant lorsqu'une nouvelle période de Full Course Yellow apparaît. Au petit matin, Dani Juncadella sort la cavalerie pour faire le trou et aligne les meilleurs tours. Mais à chaque fois, une neutralisation nécessite d’adapter la stratégie pour perdre le moins de temps possible.
Du côté de la Silver Cup, l’équipage ne démérite pas malgré ses six tours de handicap et déploie de beaux efforts pour remonter au classement de la catégorie. Casper Stevenson, Thomas Drouet et Tommaso Mosca n’ont rien lâché et sont remontés dans les points, jusqu’à la 9ème place. Malheureusement, peu de temps après une période sous safety-car, alors qu’il reste un peu plus de 6 heures de course, la #87 et la Porsche #74 se touchent lors d’un dépassement. La #87 est endommagée mais parvient à regagner les stands. Malheureusement, la course est terminée.
Parmi les grosses frayeurs de cette 74ème édition, Jules Gounon s’en offre une première à quatre heures du damier. La Mercedes-AMG #88 est poussée en tête-à-queue par la #93 pilotée par Jonathan Hui. Ce dernier souhaitant rejoindre les stands coupe la trajectoire de Jules sans pouvoir éviter le contact (il écopera ultérieurement d'une pénalité pour son erreur). Un peu plus tard, Jules se fait à nouveau une grosse chaleur en passant tout près de Nicki Thiim (#95) à l’Eau Rouge. Gounon semble avoir pris l’avantage dans le Raidillon, mais Thiim ne lève pas le pied et touche légèrement la Mercedes-AMG. Si la #88 n’a pas souffert de ce contact, la #95 a du repasser par les stands après une pirouette en pleine piste.
La fin de course se résume à un duel avec la Mercedes-AMG #2 mais Raffaele Marciello ne commet aucune erreur et coupe la ligne en vainqueur. Finalement, la marque allemande s’offre un superbe doublé.
Au terme de 24 Heures intenses, Akkodis ASP Team peut respirer et laisser éclater sa joie. Jérôme Policand vient de conjurer le mauvais sort tout en prouvant que, oui, on peut gagner les 24 Heures depuis les garages Endurance…
L’équipage de la #88 et le Team sont en tête du classement Endurance Cup du Fanatec GT World. Raffaele Marciello contrôle toujours le classement overall (Sprint + Endurance) tout comme Akkodis ASP Team. Prochain arrêt…Hockenheim, les 3 et 4 septembre.